Couverture des Cahiers d'études lévinassiennes n°9, Philosopher?

Cahiers d'études lévinassiennes n° 9

Philosopher ?

15 €

463 pages

Paru le 23 avril 2010

Présentation

Philosopher ?

Paul Audi, Philosopher « à la française » : remarques sur un supposé « air de famille ».

Jean-Luc Evard, Tradere trahere. Au-delà de la tradition.

Benny Lévy, Sur l’Alcibiade de Platon.

Gilles Moutot, Traces. Critique de l’Aufklärung et « temps des fantômes » chez Adorno.

Yehuda Rück, La rationalité en question, selon le Maharal de Prague, ou l’enjeu de la transcendance au sein de la subjectivité.

Eli Schonfeld, Philosophie et savoir juif. Être juif. Étude.

Textes

Emmanuel Lévinas, L’actualité de Maïmonide.

Gilles Hanus, Commentaire.

Lettres carrées

Eli Schonfeld, Introduction.

Franz Rosenzweig, Lettre à Rudolf Ehrenberg du 31 octobre 1913, traduite en hébreu par Haïm Hillel Ben-Sasson.

Études

Arthur Cools, Lévinas et la modernité.

Corine Pelluchon, Lévinas et l’éthique médicale.

Ari Simhon, Lévinas lecteur de Nietzsche.

Séminaires

Luc Brisson, L’enracinement de la philosophie dans la tradition. Un exemple : les récits décrivant l’apparition de l’homme et de la femme en Grèce antique.

Gilles Hanus, Entre dialogue et polémique : Benny Lévy face à la philosophie.

René Lévy, Un exemple de palimpseste : l’idée de l’immortalité chez Walter Benjamin.

Panorama

Yang Dachun, A Culture that Maintains Harmony among Differences : Levinas in China.

Recensions

Bibliographie

Présentation

« Philosopher, est-ce déchiffrer dans un palimpseste une écriture enfouie ? », se demande Lévinas dans Humanisme de l’autre homme. Question première qui évoque à la fois la hauteur et la limite du philosopher. L’écriture enfouie démentirait l’origine tautologique de la philosophie naissant d’elle-même et à elle-même dans un sublime mouvement d’auto-engendrement, ainsi que l’indépendance radicale du questionner surgi de l’étonnement et brûlant de percer le secret des origines. L’écriture enfouie – chez Lévinas, le sensé biblique – pointe un  avant la philosophie. Le geste même du philosopher renverrait-il secrètement à un amont, à des expériences pré-philosophiques dont le souvenir déchirerait le « texte logique » de la philosophie ? Soupçon généalogique à l’œuvre déjà dans la pensée de Nietzsche. Déchirure ou inspiration : « L’inspiration du premier mot conduit à plus : à plus que la philosophie, à plus philosophique que la philosophie. Emphase de la philosophie », dit Benny Lévy (Visage continu, p. 30) Mais « philosophie » dont Lévinas dit aussi, dans une analyse sévère, que « l’histoire […] a été une destruction de la transcendance. »

La philosophie doit-elle se renouveler au contact d’une source extérieure, écho du geste socratique où le mythe venait au secours d’un logos essoufflé ? Faut-il traduire, conformément au souhait de Lévinas, le sensé biblique dans le langage de la philosophie ? Ou faut-il plutôt, dans un mouvement de retour à l’écriture enfouie, faire un pas de côté par rapport à la philosophie ?

Benny Lévy, lecteur de Lévinas, pointant les « moments » du rapport entre le logos et la Lettre – « indifférence, proximité, polémique » – rappelle que la proximité n’est au fond pensable que dans la conscience extrême de l’antagonisme et que les synthèses se font toujours au détriment de l’écriture enfouie.

C’est dans la trace de cette exigence que nous avons souhaité, dans cette neuvième livraison des Cahiers d’études lévinassiennes, interroger le geste même de la pensée comme philosophie, le report de la philosophie à son avant, son autrement ou son ailleurs, et les effets de ce rapport dans l’ordre de la pensée, Lévinas inspirant ici un questionnement sur les frontières du philosopher qui dépasse le cadre de sa pensée ou même de sa discipline.