Benny Lévy
Co-fondateur et ancien directeur de l'Institut d'études lévinassiennes
Biographie
Par Eric Ayoun, Corbières matin, août 1996
Benny Lévy est né le 28 août 1945 au Caire (Égypte). Il a suivi les cours de l’École Normale Supérieure d’Ulm de 1965 à 1970. Il a été le secrétaire de Jean-Paul Sartre de l’automne 1974 jusqu’à la mort de l’écrivain en 1980.
Chargé de cours à l’Université Paris VII de 1975 à 1980. Assistant associé à l’Université Paris VII de 1980 à 1989. Il a obtenu un doctorat de 3e cycle en histoire de la philosophie à la Sorbonne en novembre 1985. Contractuel en philosophie à l’Université François Rabelais de Tours de 1989 à 1993. Maître de conférences à l’Université Paris VII de 1993 à 1997.
Il est conseiller de direction de la collection "Les Dix Paroles" aux éditions Verdier depuis 1979.
Parler de Benny Lévy, c’est nécessairement en parler à partir d’une conjoncture. Parce qu’il est essentiellement œuvre d’existence, on ne le croise qu’à partir d’une autre existence, à partir d’une rencontre imprévisible, du pur hasard de la conjoncture, celle-là même qui porte la marque du divin. En ce sens, il est le vrai fils de l’existentialisme, et en ce sens encore, l’existentialisme n’est pas un athéisme.
Je suis de ceux qui ont croisé par hasard Benny Lévy, alors j’écris.
Pierre Victor, Benny Lévy. Le passage de l’un à l’autre est l’œuvre de Sartre. Mais ce n’était encore qu’une amorce. L’autre, véritablement, est l’œuvre de Lévinas. Il aura pourtant fallu que les choses se réveillent à partir de soi. C’est du sein de la pensée occidentale que pouvait naître le trouble : l’être est-il structuré par la pensée ? N’est-il pas possible que les pensées divergent à partir d’un fondement solide dans l’être ? L’écart entre l’être-structuré et l’être-fondement, c’est justement le non-juif que Sartre a su lire dans le blanc du nom de Pierre Victor. C’était sans doute une nouvelle et plus profonde lecture des Réflexions sur la question juive. Là est toute la grandeur de Sartre, au dire de Benny lui-même. Revenir en ce point de divergence, c’est le principe juif de la techouva, c’est le retour à soi à travers l’expérience existentielle de l’être. Là est la grande découverte de Benny et peut-être son enseignement. Il n’y a donc pas de rupture. L’esprit fougueux des années soixante-huit ne change fondamentalement pas. La fougue devient cette soif intarissable de la connaissance de l’Arbre de vie. Dans la poussière qui s’élève sous les pas de la révolution, se trouve déjà en puissance une volonté d’arracher au monde son horizon eschatologique. Prophétie dans l’inconscience, rêve d’une éternité heureuse où, comme dirait Lévinas, l’achèvement du temps n’est pas la mort, mais le triomphe messianique où le perpétuel se convertit en éternel.
Mais cette inconscience a révélé que l’attente d’un avenir meilleur n’est pas toute résignation. Elle est pleine de vitalité, parce qu’un avenir sans racines dans les entrailles du présent, n’est qu’un pur imaginaire. Revenir en ce point de divergence, c’est comprendre qu’aucune totalité ne peut contenir les excès de l’exigence humaine. Seul un cadre où la détermination des lettres dévoile et conditionne une ouverture vers l’infini – et cela en vertu de l’origine même de ces lettres – pouvait satisfaire cette surabondance. Ce cadre, cette satisfaction, cette farouche opposition de Lévinas à la totalité hégélienne, sont toutes autant de conditions où se détermine l’horizon nouveau de Benny dans sa conscience juive. Désormais, l’apparent conflit entre le logos et la lettre se traduira dans les termes d’universel et singularité d’Israël. Singularité refusant à l’universel son image de religion naturelle, qui trahit plutôt un point d’équilibre au milieu d’une extension sans fin. Merveille de l’harmonie qui n’occupe la moindre place, où Aristote n’y retrouverait nullement son juste milieu. Là est le secret du rapport intime entre la Révélation et les sept lois noahides. Benny, mieux que quiconque, est en mesure d’orienter sur ces questions si difficiles. Il achève, d’une certaine manière, une voie encore mal comprise et mal explorée, celle de Rozensweig.
Publications
Être juif, Verdier, 2003.
La cérémonie de la naissance, Verdier, 2005.
La confusion des temps, Verdier, 2004.
Le livre et les livres. Entretiens sur la laïcité, Verdier, 2006.
Le logos et la lettre, Verdier, 1988.
Le meurtre du Pasteur, Grasset, 2002.
Le Nom de l'homme, dialogue avec Sartre, Verdier, 1990.
Lévinas : Dieu et la philosophie, Verdier-poche, 2009.
L'Alcibiade. Introduction la lecture de Platon, Verdier-poche, 2013.
L'Espoir maintenant, Verdier, 1991.
On a raison de se révolter, Gallimard, 1974.
Pouvoir et liberté (Cahiers), Verdier, 2007.
Visage continu, Verdier, 1998.
Les événements avec Benny Lévy à l'Institut d'études lévinassiennes
Lévinas et le(s) sionisme(s)
Benny Lévy
La Confusion des temps
Alain Finkielkraut, Benny Lévy et Bernard-Henri Lévy
La pensée du Retour – Après Rosenzweig et Lévinas
Benny Lévy
Lévinas entre le grec et l’hébreu
Benny Lévy
La question de la laïcité
Alain Finkielkraut et Benny Lévy
La philosophie de la révélation : Schelling, Rosenzweig, Lévinas
Benny Lévy
La Mémoire, l’Oubli, Solitude d’Israël
Benny Lévy et Alain Finkielkraut
Le Temps : de la Phénoménologie à l’Eschatologie messianique
Benny Lévy